(…) Chers collègues Députés,

Comme nous le savons tous, l’ouverture de la 2ème Session ordinaire de cette année 2015 qui nous réunit cet après-midi se tient dans un contexte particulier de la marche de notre jeune Nation.

En effet, notre pays, à l’épreuve de la démocratie, fera le 25 octobre prochain, la preuve de sa maturité par la tenue et la conduite d’un scrutin électoral apaisé.

Dans dix-huit jours exactement, nos compatriotes exerceront un droit civique fondamental et un devoir républicain que je qualifie de haute importance. Vous en conviendrez, c’est un moment crucial pour notre Nation.

En cette veille de l’ouverture officielle de la campagne pour la présidentielle, je vous livrerai bien entendu quelques sentiments sur ces élections à venir.

Mais auparavant, c’est avec un réel plaisir que j’exprime, comme à l’accoutumée, notre profonde gratitude à l’endroit des distinguées personnalités qui nous témoignent leur soutien et leur solidarité immuables.

Mesdames et Messieurs les Présidents d’Institutions ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Représentants des organisations accréditées en Côte d’Ivoire ;
Distingués invités ;

Recevez nos remerciements les plus vifs pour votre disponibilité. Une fois de plus, je salue, à travers vous, l’esprit de solidarité qui lie nos différentes Institutions.

Vos présences respectives à nos côtés augmentent cet après-midi mon enthousiasme à souhaiter la bienvenue à l’invité spécial de notre Parlement à cette cérémonie solennelle.

Vous avez dû le remarquer dans la salle, notre hémicycle s’honore d’accueillir un frère Africain, un collègue parlementaire, le Président de l’Assemblée nationale du BENIN, Son Excellence Adrien HOUNGBEDJI.

En votre nom à tous et comme le veut la tradition africaine, je lui souhaite, à lui et à l’importante délégation qui l’accompagne, le traditionnel AKWABA en Côte d’Ivoire et dans notre Parlement.

Monsieur le Président HOUNGBEDJI,

Je tiens ici, et cela du fond du cœur, à vous dire merci pour la promptitude avec laquelle vous avez bien voulu accepter d’être des nôtres en ce jour, malgré l’adresse tardive de mon invitation.

A mes yeux, votre réponse spontanée n’a d’autre interprétation que l’attachement et le sentiment fraternel et sincère qui vous habite à l’endroit de vos frères Ivoiriens.

A présent que vous êtes devant eux, les Députés de Côte d’Ivoire, voudraient par ma voix, vous renouveler leurs sincères félicitations, suite à votre élection à la tête de l’Assemblée nationale béninoise et vous remercier de nous avoir associés à votre cérémonie d’investiture, cérémonie à laquelle j’ai eu plaisir à prendre part, le 15 juin dernier.

Chers collègues Députés,

Comme vous le savez, j’ai coutume de chahuter tous ceux qui ont la malchance d’être mes cadets dans ce cercle des Présidents d’Assemblées nationales. Mais je dois avouer qu’avec notre hôte du jour, je n’y ai pas eu droit, car pour tous ceux qui le connaissent, Maitre Adrien HOUNGBEDJI est un visage bien connu de l’univers de la politique africaine, un Doyen, un Doyen du Parlement béninois.

Docteur d’Etat en Droit de la faculté de Droit de Paris en 1967 et Major de l’Ecole de la Magistrature française la même année, puis inscrit au barreau de Cotonou l’année suivante, c’est en 1990, après plusieurs années de vicissitudes, qu’il entre en politique en tant que Député.

A ce jour, il occupe pour la troisième fois le poste de Président d’Assemblée nationale.

Il convient de rappeler également que Maitre Adrien HOUNGBEDJI a occupé de hautes fonctions au sein de l’exécutif béninois, notamment celle de Premier Ministre.
Cher Doyen,

Cela est aussi connu, malgré les difficultés inhérentes à votre carrière politique, vous n’avez de cesse de cultiver votre amour de l’homme, de l’homme africain car pour vous, « il n’y a de richesse que d’hommes ». 

Recevez ici le témoignage de toute mon admiration et de celle de mes pairs Ivoiriens.

Une fois de plus, bienvenue en Côte d’Ivoire, bienvenue chez vous Monsieur le Président !

Honorables Députés,
Mesdames et Messieurs,

A présent, je veux vous inviter à saluer d’autres collègues dans cette salle. Je veux parler des Chefs traditionnels !

Je signale la présence parmi nous de Sa Majesté Awoulae TANOE Amon, Roi de Bassam, Roi des N’Zima Kotoko.

Je signale également la présence d’une délégation des chefs traditionnels du Département de Jacqueville conduite ici par le Chef SOPPY TCHAKPA JUSTIN, président du collectif des chefs de Jacqueville.

Distinguées autorités traditionnelles,

Merci de nous honorer de votre présence et de nous offrir l’opportunité de nous réjouir avec vous de l’aboutissement du processus de mise en place de la Chambre Nationale des Rois et Chefs traditionnels de Côte d’Ivoire, il y a à peine une semaine.
Chers collègues Députés,
Mesdames et Messieurs,

A ce stade de mon propos, permettez-moi de rappeler quelques activités qui ont marqué l’intersession écoulée.

Je commencerai par la troisième Session extraordinaire tenue du 3 au 18 septembre 2015, qui a porté sur l’examen et l’adoption de deux importants projets de lois : le projet de loi portant modification de la loi n°95-696 du 07 septembre 1995 relative à l’enseignement et le projet de loi de finances rectificatif portant Budget de l’Etat pour la gestion 2015.

Je me contenterais d’un bref commentaire sur le premier projet de loi vu l’importance du secteur de l’éducation dans l’émergence de notre pays.

L’« éducation pour tous » peut apparaître à certains comme un slogan. A nous autres, Parlementaires, instruits des réalités de la compétition entre Etats, elle apparaît comme l’une des conditions essentielles de l’accession de notre pays au rang de puissance émergente. L’éducation est le nerf du développement.

L’accès du plus grand nombre à l’éducation de base est le chemin emprunté par les Etats nouvellement entrés sur la scène mondiale des « pays qui comptent » et dont la réussite repose sur les postulats de l’élévation du niveau d’éducation et du niveau de vie de toutes les couches de la société.

Pour offrir aux nouvelles générations, les moyens de prendre toute leur place dans le processus en cours, il fallait adapter la loi relative à l’enseignement aux nouvelles réalités : celles de l’accessibilité et du maintien de tous les enfants de six à seize ans dans le système scolaire de notre pays ; celle de l’amélioration de la qualité de l’enseignement et de la performance du système éducatif par la réduction des inégalités entre enfants des couches défavorisées et ceux des milieux aisés.

Mesdames et Messieurs,

Toujours dans la période de l’intersession, et au nom de notre attachement à la promotion de la jeunesse, nous avons organisé, du 8 au 10 septembre dernier, un séminaire d’orientation à l’attention des membres du Parlement National des Jeunes pour les outiller sur des thématiques telles que la démocratie, la participation des jeunes à la vie politique, l’Ecole au service du développement, la place des Technologies de l’Information et de la Communication dans la gouvernance, la cohésion sociale et l’employabilité.

C’est justement l’employabilité des jeunes qui a motivé l’institution d’une bourse de stage entre l’Assemblée nationale et l’Université Félix Houphouët-Boigny. Les premiers bénéficiaires de cette bourse d’excellence sont dans la Salle avec nous. Je vous invite à les acclamer.

En dernier volet de ce rappel d’activités, je mentionnerai, dans le cadre de notre politique diplomatie parlementaire, la visite officielle que j’ai effectuée en Israël, du 27 au 30 juillet dernier, avec une délégation de notre Parlement, suite à l’invitation de mon collègue de la Knesset, Son Excellence Monsieur Yuli-Yoel EDELSTEIN.
Au cours de ce séjour, notre Institution a pu signer un protocole d’accord de partenariat avec la Knesset ouvrant ainsi de nouveaux sillons de la coopération parlementaire avec cet Etat.

Par ailleurs, dans le prolongement du renforcement de ces liens de coopération, j’ai été reçu en audience par le Président de l’Etat d’Israël, Son Excellence Monsieur Reuven RIVLIN, à qui nous avons porté les salutations de son Homologue ivoirien, le Président Alassane OUATTARA. 

J’exprime à nouveau ma profonde gratitude au Peuple israélien et notamment à mon homologue Son Excellence Monsieur Yuli-Yoel EDELSTEIN, pour ce séjour dans cet Etat hospitalier qui nous a permis, par ailleurs, d’acquérir une conscience plus aigüe de sa dimension spirituelle perceptible à travers la cohabitation de trois grandes religions : le Judaïsme, le Christianisme et l’Islam.

Chers Collègues députés,

Je terminerai ce chapitre en vous informant de la prochaine visite que j’effectuerai en Grande Bretagne, du 20 au 22 novembre 2015, à l’invitation du Parlement Britannique.

Honorables Députés,
Chers Collègues,

Vous êtes accoutumés à l’idée que j’ai pris l’habitude, quand je m’approche du terme de mon propos, de vous présenter quelques réflexions sur la situation politique de notre pays et sur l’état de la Nation.
Vous comprendrez aisément, comme je l’ai annoncé plus haut, qu’à moins de 3 semaines de l’élection présidentielle, je focalise aujourd’hui mon attention sur cette importante échéance démocratique qui nous concerne et nous interpelle, en notre qualité de citoyens bien sûr, mais également et a fortiori, du fait de notre appartenance à la représentation nationale.

Fort de ma jeune expérience en la matière, je crois pouvoir affirmer, qu’il s’agisse de l’existence humaine en général ou de l’engagement politique en particulier, que la règle d’or est partout et toujours la même : il faut savoir poser les bonnes questions et proposer les meilleures solutions.

A cet instant, une question posée par Albert Camus me vient à l’esprit : « Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux », dit-il, « c’est le suicide : juger si la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie », fin de citation : voilà une question dont on connaît la réponse, car si nous sommes là pour la poser, c’est que nous avons répondu que « Oui, la vie vaut la peine d’être vécue ! ».

Et en voici une autre, qui se pose plus particulièrement à nous, en notre qualité de membres de la représentation nationale et que l’on peut exprimer ainsi : « Il n’y a qu’un problème politique vraiment sérieux, c’est l’élection : conquérir le droit de vote et l’exercer en toute liberté, c’est répondre à la première des exigences de la bonne gouvernance démocratique ».

Cette question, comme la précédente, contient en elle sa réponse, car si nous sommes là, c’est bien que nous avons, sinon la certitude, du moins la conviction, que l’action des élus de la nation que nous sommes, peut conduire à une amélioration sensible et durable du sort des populations : « Oui, cela vaut la peine d’organiser et de participer à des élections, car c’est par le vote que nous assumons nos responsabilités citoyennes ! ».

Honorables Députés,

Posons donc ensemble les bonnes questions et voici la première : pourquoi faut-il voter ?

Dire que la question principale qui se pose aux Députés que nous sommes est de sensibiliser nos concitoyens à l’importance du processus électoral, comme condition essentielle de l’émergence et de la consolidation de la démocratie dans notre pays, ce n’est au fond que rappeler le principe même de la participation de chacun et de tous à la dynamique sociale qui régit le bien vivre ensemble.

Quelle qu’elle soit, une société se définit par la répartition des tâches et des responsabilités entre les individus qui la composent. Quand ces tâches sont équitablement réparties entre toutes les composantes de la communauté nationale et les responsabilités judicieusement partagées, on parle de « démocratie ». De fait, nous sommes convenus, en vertu de la Loi fondamentale qui nous régit, de nous inspirer de ce modèle idéal : « un gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple », comme le dit Abraham LINCOLN.

En le faisant, ce n’est pas pour nous conformer servilement à quelque archétype politique venu d’ailleurs et qui nous aurait été imposé, c’est nous qui avons pris conscience du fait que c’était la seule façon de concilier la liberté des individus et l’autorité de l’État : l’organisation d’élections libres, transparentes et inclusives, tel est le moyen le plus sûr pour que les gouvernés mandatent les gouvernants et leur assignent, par délégation de pouvoir, la noble mission de conduire en leur nom, les affaires de la nation.

Pour que ce transfert de souveraineté soit parfait, il faut évidemment que chaque membre de la communauté concernée soit sollicité et associé à ce processus de transmission de la souveraineté inaliénable du peuple, vers les responsables politiques qui en sont l’émanation : chaque citoyen est un des maillons de cette chaine de responsabilité, qui réunit les candidats, les électeurs et les élus, au sein de la maison commune qu’ils ont construite ensemble.

Pour parler comme Jean-Jacques Rousseau dans « Le contrat social », disons que, dans une société donnée, chaque individu possède naturellement une parcelle de pouvoir et que sa volonté, associée à celle des autres, s’exprime sous la forme d’une Loi, qui puise sa légitimité de la participation de tous à sa promulgation.

C’est donc, pour les élus que nous sommes, une ardente obligation que de rappeler à nos électeurs que leur participation au vote est indispensable, pour que les gouvernants disposent de la légitimité nécessaire pour exercer leur autorité.

Dans un État démocratique, nul ne peut se dispenser de solliciter la confiance du peuple et de se soumettre à son verdict, car c’est seulement dans les urnes et en fonction d’un calendrier électoral prévu par la Loi fondamentale, que les citoyens peuvent et doivent s’exprimer, en toute conscience et en toute liberté.

L’élection constitue donc un moment privilégié dans le bon fonctionnement de la démocratie : chacun exprime ses préférences en toute indépendance et tous les citoyens disposent d’un même Droit à être candidat s’ils le souhaitent et s’imposent le même Devoir de voter pour le candidat de leur choix.

Mais il importe de souligner que ce processus, qui trouve son expression aboutie dans le suffrage universel exercé librement par tous les citoyens, ne fût longtemps qu’un horizon inaccessible et, encore aujourd’hui, un désir inassouvi, pour nombre de peuples victimes d’exclusion et soumis à l’arbitraire d’un pouvoir autoritaire.

D’où notre seconde question Mesdames et Messieurs les Députés : à qui devons-nous le privilège de compter parmi les peuples qui élisent librement leurs représentants ?

Combien de batailles homériques n’a-t-il pas fallu que nos aînés acceptent de livrer, pour que cet honneur soit partagé entre tous les électeurs : d’où ce rappel de ces brillants débats et de ces splendides combats qu’il leur a fallu porter, pour que la transmission des charges du pouvoir soit finalement décidée par tous et non plus confisquée au seul bénéfice de quelques-uns.

Que la flamme légère et fragile de la liberté citoyenne s’élève aujourd’hui dans le ciel ivoirien, nous le leur devons. Et, il nous revient de la transmettre aux générations futures, sans qu’elle ne s’éteigne, encore plus gracieuse et encore plus prometteuse, pour éclairer le chemin et poursuivre la route de l’unité nationale retrouvée.

Nous le devons et nous sommes redevables à tous les grands penseurs et à tous les courageux acteurs politiques engagés sur la voie des réformes, pour que soit établi le principe de la souveraineté inaliénable du peuple et de sa participation, à travers un vote, au choix de ses représentants.

J’apprécierais d’avoir le loisir de me pencher sur ces temps bénis, où il s’agissait de jeter les bases d’un humanisme tolérant et d’un cosmopolitisme accueillant, je n’en ai certes pas le temps, mais permettez-moi cependant de réserver la plus fraternelle de mes pensées à ces immenses hordes de réfugiés qui marchent obscurément sur les routes de l’exil, vers des paradis artificiels.

Nous le devons et nous sommes redevables à tous ceux qui, du 18ème au 20ème siècle, ont lutté pour élargir l’assiette électorale, en obtenant successivement la suppression du suffrage « censitaire », (réservé aux plus riches), puis aux « listes électorales de confiance », (qui correspondent à un suffrage universel indirect, tel qu’il fonctionne aujourd’hui aux États Unis avec le système des « Grands électeurs »), pour aboutir, en 1848, seulement pour ce qui concerne la France, au suffrage universel direct, d’abord réservé aux hommes et que l’on étendra, en 1944 et, après bien des réticences, aux femmes de plus de 21 ans…

Nous le devons et nous sommes redevables, justement, à ce million de femmes qui manifestent en Europe dès 1911, pour que soit respecté le principe d’égalité homme / femme, qui est à la base du concept d’humanité, ainsi qu’aux premières « féministes » du Royaume-Uni, que l’on baptisa « suffragettes », à l’image de leur combat pour que le Droit de vote leur soit accordé.

Nous le devons et nous sommes redevables aux vaillants combattants de la liberté qui, comme Lamine GUEYE, ont milité, avec tous les risques que cela comportait à l’époque, pour une abolition de la « Loi de l’indigénat » de 1881, texte inique qui institutionnalisait l’inégalité des Droits, selon leur origine, entre les différents membres d’une même communauté.

La Loi Lamine Gueye, votée, comme vous le savez, en 1946, au moment même où le Député Houphouët-Boigny obtenait, par la même voie parlementaire, la suppression du travail forcé, a permis d’obtenir que tous les ressortissants originaires des territoires d’outre-mer deviennent des citoyens à part entière, contribuant de façon significative et irréversible à renforcer ce vaste mouvement conduisant à l’unicité du collège électoral et à l’universalité du suffrage.

C’est seulement en 1946, après que les milliers de ‘tirailleurs sénégalais’ aient payé de leur sueur, de leur sang et de leurs larmes, cette accession à la dignité citoyenne, que ce mouvement d’émancipation trouvera tout son sens au soleil des indépendances, et ce n’est que 4 décennies plus tard, en 1994, que les noirs Sud-Africains obtiennent le Droit de vote.

À tous ces fiers combattants de la liberté et de la dignité retrouvées et magnifiées de notre continent, nous les leur devons et nous leur en sommes infiniment et à jamais reconnaissants.

Honorables Députés, distingués invités,

Et voici notre troisième question : comment faire en sorte que la liberté de voter se transforme en une volonté d’aller voter ?

La réponse a un nom : la Participation ! Car c’est à cette seule condition que cet héritage si précieux pourra être préservé et s’inscrire durablement comme une composante incontournable de notre démocratie. Je ne vois pour cela qu’un seul moyen, c’est de nous sentir nous-mêmes chargés d’une mission d’explication auprès des populations.

J’invite donc chacun d’entre vous à se mettre au service de la Nation, en accomplissant, dans chacune de vos circonscriptions, votre devoir d’information.

Sachons nous transformer en Instituteurs de la République et en Formateurs de la démocratie : rappelez à chacun de vos interlocuteurs à quel point la démocratie élective, replacée dans sa profondeur historique et dispersée dans l’espace géographique, est loin d’être la règle et apparaît comme une exception.

Raison de plus pour se faire une règle de faire vivre et prospérer cette exception, ici et aujourd’hui, dans notre cher pays.
Raison de plus pour convaincre nos concitoyens de la chance que nous avons de vivre en démocratie et du devoir qui nous incombe de la renforcer et de la pérenniser, en participant activement aux élections qui sont organisées à notre intention pour que nous y parvenions.

Il en va de l’image de notre pays, car la tenue d’élections libres, inclusives et transparentes, est en elle-même révélatrice de la qualité de vie démocratique d’un État et constitue la meilleure des invitations, pour les alliés et pour les partenaires de la Côte d’Ivoire, à accompagner résolument notre croissance et notre développement.

J’ai voulu, dans un premier temps, répondre à la question : « Pourquoi faut-il voter », et les bonnes raisons n’ont pas manqué. Certains d’entre vous espèrent donc que je vais maintenant me poser cette autre question : « Pour qui faut-il voter ? ».

En réponse à cette question, je tiens d’emblée à affirmer mon attachement au droit reconnu à chaque citoyen d’exprimer librement son choix parmi les différents candidats.

A ce titre, je pense aussi qu’il est de mon droit de m’exprimer en tant que citoyen, au même titre que tous les autres citoyens et c’est pourquoi je voudrais achever cet exercice par une sorte de « profession de foi », qui certes n’engage que moi, mais qui peut néanmoins servir de grille de lecture, pour une meilleure compréhension des véritables enjeux de l’élection :

-  premier principe : il est impératif que les élections se déroulent de façon pacifique, car violence et démocratie sont incompatibles ;

- deuxième principe, qui en est le corollaire : le respect du verdict des urnes est une exigence incontournable qui s’impose à tous et dont le principe est une sorte de contrat tacite, souscrit entre le candidat et les électeurs ;

-  troisième principe : les efforts qui ont été accomplis pour réduire la « fracture sociale » doivent être poursuivis, car toute nouvelle rupture nous éloignerait de la consolidation attendue par toute la population ;

- quatrième principe : les efforts qui ont été engagés et qui vont nous conduire, au terme de la réalisation de grands chantiers, sur le chemin de la croissance économique et du progrès social, doivent pouvoir s’inscrire dans la durée et dans la continuité et faire progresser notre pays sur la voie de l’émergence ;

-  cinquième principe : se détourner de ces candidats qui se contentent de regarder dans le rétroviseur et n’entrent dans l’avenir qu’à reculons ;

- sixième principe : un bon Président n’est pas seulement celui qui est bien à sa place, mais celui qui, toujours et partout, sait mettre le bon talent à la bonne place ;

-  septième principe : un bon candidat n’est pas celui qui renie ses convictions, mais celui qui reste fidèle à ses principes et n’en change pas au gré des vents favorables ou contraires ;

- huitième principe : un bon candidat est celui qui met tous les citoyens sur un pied d’égalité, encourage la promotion au mérite et cultive l’excellence ;

-  neuvième principe : un bon candidat est celui qui n’accepte pas d’hypothéquer l’avenir de nos enfants en conduisant au jour le jour une politique à courte vue, sans enthousiasme et sans ambition ;

- dixième principe enfin : un bon candidat n’acceptera jamais de faire de la Côte d’ivoire un territoire reculé et isolé, situé en dehors des grands courants de la mondialisation.

Il ne nous reste qu’à parcourir cette grille et, de façon lucide et raisonnable, à faire notre choix !

Pour conclure, permettez-moi de vous conter quels sont, ces jours ci, les rêves qui habitent mes nuits : si je me livre ainsi à quelques confidences, vous les excuserez je l’espère, car j’aime à croire qu’il s’agit de rêves prémonitoires :

-  je rêve que chaque Ivoirien se transforme, en période électorale, en une sorte de DRH, chargé, tenez-vous bien, de choisir son propre PDG : rêve prémonitoire, car c’est bien ce qui se produira ces jours-ci, chaque Ivoirien aura son mot à dire sur le choix du Président de notre République !

- je rêve que la campagne électorale se transforme en une sorte de ‘Fête des générations’ qui, selon nos traditions, permettent à la communauté villageoise d’élever les adolescents méritants au rang d’adultes responsables : rêve prémonitoire, car, j’en suis persuadé, les prochaines élections permettront de révéler des talents et de susciter des vocations !
- je rêve que cette consultation populaire soit aussi passionnante et passionnée que les discussions de comptoir sur la nomination de l’entraîneur de notre équipe nationale en période de ‘Mercato’ : ne dit-on pas que, chez nous, il y a autant d’entraîneurs que de supporters et, après tout, cela nous réussit assez bien ! Rêve prémonitoire, car l’équipe nationale sortie des urnes sera, n’en doutons pas, aussi ardente et performante que nos « Éléphants » !

Alors, Chers Collègues, levez-vous et battez la campagne, dans les forêts, dans les montagnes ! Chacune et chacun d’entre nous a son mot à dire, son action à faire, pour que les élections se déroulent dans de bonnes conditions. Elles sont pour nous un moment de fierté républicaine et d’enthousiasme citoyen, soyons donc habités par cette conviction : l’avenir radieux de la Côte d’Ivoire n’est pas une question de chance mais une question de choix !

Je souhaite plein succès à ce « Conseil d’Administration », à cette « Fête des générations », à cette « Equipe nationale » d’exception, que constituent notre peuple et le Président qu’il se sera donné, et je forme des vœux pour que notre Assemblée, rassemblée aujourd’hui et encore mieux demain, se mette au service de notre grand pays, la Côte d’Ivoire chère à nos cœurs et pour des lendemains toujours meilleurs.

Je vous remercie de votre attention.